Août 1988. En hommage à Edouard-Alfred Martel (Pontoise, 1859 - St Thomas-La-Garde, 1938), “père” de la spéléologie dont il voulut faire une science à part entière pour étudier et comprendre le monde souterrain, le Clan Spéléo Pontoisien entreprend la réhabilitation d’une ancienne carrière souterraine trop longtemps oubliée.
En une vingtaine d’années, 300 bénévoles ont tamisé et évacué 1800 tonnes de déblais. Ils ont nettoyé, reconstitué, étudié et publié le matériel retrouvé, et mis en valeur le site pour le faire découvrir à leur concitoyens. Les monnaies et les céramiques receuillies, les caractéristiques architecturales et géologiques de la Cave des Moineaux s’entrecroisent pour nous éclairer sur l’activité domestique et artisanale ancienne du site et de son environnement. Entrée et sortie distinctes, l’histoire de la Cave se raconte ainsi, au fil d’une traversée.
Au coeur historique de la cité, la Cave des moineaux se développe sur trois niveaux. Au XIIe siècle et sans doute au XIIIe siècle, des compagnons carriers ont extrait du calcaire sous-jacent des blocs et des moellons destinés à la construction ou à l’embellissement de maisons et d’édifices publics. Ils n’ont utilisé que quelques mètres seulement sur les trente qui constituent l’épaisseur de la couche calcaire à cet endroit. Il s’agit d’une roche sédimentaire formée par dépôts successifs en milieu marin à l’ère tertiaire (entre -45 et -50 millions d’années) : du calcaire Lutétien, “grossier” ou encore “coquillier”. La cave comporte trois niveaux dont deux sont aujourd’hui accessibles. A l’étage -1, la salle gothique des XIVe / XVe siècles comporte deux travées voûtées en croisées d’ogives, séparées par un arc doubleau. Un escalier “à main” ou à redans permet l’accès aux galeries de carrière du niveau -3, situées à 13 m de profondeur.
Les deux rues du cavage, quasiment parallèles, ne communiquaient pas entre elles lors de l’exploitation. Elles ont été confortées aux XIVe / XVe siècles, puis l’une a été réutilisée en cave, entrepôt, refuge ou abri avant d’être comblée aux XVIIe / XVIIIe siècles, l’autre étant remblayée à la fin de son exploitation.
La visite permet de :
- Reconstituer les épisodes de formation du calcaire - Strates ou bancs, joints de stratification,
- observer la fissuration (diaclases) et un début de karstification (traces d’érosions par des circulations d’eau souterraine),
- retrouver, au ciel de la galerie principale, des empreintes de mollusques fossilisés et remarquer une zone de “lustrage” correspondant au décollement / déplacement banc sur banc du calcaire,
- repérer sur les parois les nombreuses traces laissées par les divers outils utilisés pour l’extraction et l’aménagement ainsi que les graffiti et gravures des carriers et tailleurs de pierre.
Le niveau -2, intermédiaire n’a pas livré ses secrets. Salles, rotonde, escaliers “à main”, galeries, escalier à vis sont à réhabiliter et restent à déblayer...